[Textes] La "CdH."

Fermez les yeux et imaginez... Imaginez-vous transportés près de trente années dans le passé. Oui! Vous voici revenus aux temps de la Seconde Guerre... A une époque sombre et troublée où Azeroth vibrait aux rythmes d’épiques batailles et au son des tambours...dans les cieux... sur terre... et sur mer.

A l'horizon des rais de lumières jaillissant des flots teintait le ciel d'une couleur sanguine...
Vous voici, de bon matin, au large de la Grande Mer, où l'Hybellion un des fleurons de la flotte disparue de Hurlevent fendait fièrement la cime des vagues, par un fort vent de travers... Soudain... un cri retentit!




-Branle-bas d'combat! Tout le monde sur le pont!...! Mille sabords! J'ai dit tout l' monde sur l'pont tas de feignants!...Allons du nerf! On se bouge! »

Le vieux Bob, quartier maitre de l'Hybellion aboya ses ordres, déboulant dans la pénombre et la moiteur de l'entrepont, secouant les hamacs des marins endormis.

Brutalement extirpé de son sommeil William se hissa hors de son hamac, dans un gémissement. Le jeune mousse essaya avec peine de maintenir sur ses jambes endormies, balloté et bousculé par les solides matelots s'affairant autour de lui. Il se vêtit hâtivement puis tendit l'oreille avec inquiétude: Un vacarme épouvantable agitait l'équipage entier.

Le navire tanguait dans tous les sens et d'effroyables grincements laissaient présager que le bâtiment allait se disloquer d'un moment à l'autre. Sur le pont le son sourd des tambours répondait aux cris rauques et virils des hommes, sonnant le branle-bas de combat, les hommes criaient, s'activaient à garnir les bastingages de sacs et de hamacs roulés afin d'amortir la mitraille. Les coffres d'armes étaient ouverts et celles-ci distribuées: Tous les hommes d'équipages, du moussaillon au vieux loup de mer empoignaient une hache, un sabre, un pique, ou encore des mousquets et des pistolets que chacun s'empressait de charger et de glisser dans sa ceinture. On hissait dans les unes des paniers de grenades à mèches, de la poudre et des armes afin d'approvisionner les tireurs d'élites. Le chirurgien du bord disposait avec soin ses instruments sur une table, et répandait du sable sur le plancher à l'abri de l'entrepont...
L'équipage se préparait fiévreusement au combat... Le visage de William se décomposa : il allait connaitre son baptême du feu… Son premier combat.

Blêmissant de peur et les jambes flageolantes, l'adolescent se dirigea vers un le mantelet d'un sabord. Il y jeta un coup d'œil tremblant à travers l'ouverture afin d'apercevoir quelques choses. L'ennemi était là, à l'horizon...Un bâtiment orc sans nul doute, hérissé de piques et de pièces d'artilleries. Bien que peu expérimenté en la matière et que le navire fut encore loin, William remarqua la supériorité de l'artillerie et l’imposante masse du bâtiment adverse.

Une grosse main calleuse agrippa l'épaule du gamin par derrière, celui-ci sentit son sang se glacer.

- Par tous les pirates.....Llaynor! William Llaynor! Maudits moussaillon que fais-tu encore la?! Marin d'eau douce ! Ne vois-tu pas qu'on a besoin de toi! Fiche moi le camp ! Chez le capitaine, avant que je te fasse tâter du fouet!

Sans ménagement, le vieux Bob le secoua rudement avant de le gratifier d'un coup de pied à l'arrière train.
William bafouilla quelques syllabes, choqué et encore à moitié dans le monde des idées puis s'exécuta penaud, sous les rires et les grognements amusées des canonniers présent. Tandis qu'il se frayait un passage à travers les entrailles du vaisseau, le garçon surpris une conversation qui se tenait entre deux marins occupés de nourrir leur pièce d'artillerie.

-Fier-Galion nous mène droit au massacre j'te dis...
-Boucle la! L'capitaine sait c'qu il fait. Nom d'un chien! C'est un rude bonhomme ce gars-là.
-N'empêche que le rafiot en face … J'en ai jamais vu d'aussi énorme que celui-là. Fier-Galion a les yeux plus gros que le ventre sur ce coup-ci. J'te dis. Qu' la Lumière nous vienne en aide...
-La Lumière...La Lumière, elle nous sera d'aucune utilité là où on va! , rétorqua son compère dans un grognement.
J' compte d'avantage sur l'Hybellion, ses cent trente gars et l'capitaine Morgan Fier-Galion. Et j' préfère casser ma pipe avec Fier-Galion qu'avec un autre. Maintenant cesse donc de gémir comme une vieille bonne femme et passe-moi la mitraille...

William déglutit avant de s'engouffrer dans les quartiers des officiers situés dans la proue (à l’arrière) du galion.

Le capitaine Fier-Galion … Le Lion de Mer de Hurlevent. Le capitaine fameux Morgan Fier-Galion avait la réputation d'être bouillant et colérique; mais aussi d'être un homme du peuple... Le mousse frissonnait à l'idée de rencontrer ce vieux loup de mer mais il était loin de se doutait que cette rencontre aller bouleverser son existence...

Avant d’entrer dans la cabine de commandement, William redressa ses petites épaules, accomplissant une tentative frénétique pour arranger sa tenue puis pénétra, sans mot dire, dans la cabine après y avoir brièvement et timidement toqué la porte.
Durant un bref instant le moussaillon détailla avec de grands yeux ronds et émerveillés le décor:autour de lui: Bois précieux et sculptés, velours, soie et d’élégantes fenêtres… La pièce lumineuse, vaste et confortable tenait d’avantage d’une salle à manger que d’un niveau de commandement.

Au centre de la pièce, se trouvaient des hommes bien habillé, des officiers debout autour d'une table avec de nombreux instruments et cartes de navigation. William sentit sa gorge et son cœur se serrer d’émotion lorsque ses yeux se posèrent sur le capitaine...


C'était un homme d'âge mur à l'allure fière, noble et robuste, vêtu simplement d'une chemise ample de bretteur et portant avec élégance la moustache: Morgan Fier-Galion. Sa voix puissante et tonitruante s'éleva, faisant vibrer la pièce/ William s'approcha timidement du groupe, observant un silence, respectueux et craintif.

« Messieurs, la Horde nous envoie une pièce digne de couronner une campagne maritime! C'est un rude morceau à avaler. Inutile de nous amuser à le canonner, son artillerie nous écraserait comme un vieux tonneau de rhum. Une seule tactique s'impose à nous: L'abordage. Mais ce n'est pas gagner pour autant, nous paierons cher notre victoire... Voilà ce que nous allons faire...»

Le mousse, toujours sans dire mot, se dirigea vers la couchette du capitaine, un simple lit incrusté dans la membrure du navire, et sur celui ci était posé un uniforme.. Tremblant d'émotion, William vêtit le capitaine de son uniforme d’officier de la Marine de Hurlevent, à la fois sobre et élégant. Pendant que le mousse s'acquittait de sa tache, Fier-Galion donnait ses dernières instructions. L'adolescent ne prêta guère attention à la stratégie, perdu dans ses pensées mais surtout terriblement impressionné par tous ces grands messieurs se trouvant autour de lui et de cette table. Quand il eut ajusté et serré du mieux qu'il put l'habit et le ceinturon, William se tourna de nouveau ... Ses yeux se posèrent sur la garde d'une arme, sans nul doute celle du capitaine, à peine dissimulée sous les draps encore tièdes: une rapière de mithril, rangée dans son fourreau en cuir ébène ouvragé...

William l'empoigna et la tira avec précaution des draps puis s'accorda quelques instants pour admirer les détails et la beauté froide et aiguisée de la lame.
C'était certainement l'arme la plus élégante que le garçon ait jamais vu, une lame qui à coup sûr aurait fait pâlir de jalousie n'importe quel capitaine ou bien commodore de Kul Tiras.

- Comment t'appelle t' on mon garçon?

Le capitaine le tira de sa contemplation en lui tapotant puis lui empoignant maladroitement l'épaule. Un geste rude mais familier auquel le mousse ne s'attendait guère.

Le moussaillon surpris, sentit un frisson lui parcourir l'échine. Les pensées se bousculèrent dans son esprit. Il balbutia faiblement en tendant la rapière au capitaine.

- Will...William Llanor M'sieur, je... Je…

William sentit le rouge lui monter aux joues, il se tut et se tint droit comme un « i » avant de remettre son bien au capitaine.

-C'est une belle arme, n'est pas mon garçon?
William,rouge comme une pivoine, se contenta de hocher timidement de la tête.

Le capitaine laissa échapper un petit rire amusé et bienveillant puis s'arma, avant d'ouvrir un coffre dont il vida le contenu sur la table: Il y avait là de nombreux pistolets, cornet à poudre et munitions. Fier-Galion en équipa un maximum et chargea vivement le reste dans les bras du jeune mousse.

-Écoutez "monsieur" Llaynor, j'ai besoin d'un petit ange gardien, pour combattre les démons verts et pour recharger les mousquets de nos garçons, restez auprès du vieux Fier-Galion lorsque nous prendrons les peaux verts à leur bord … c’est d'accord?» Il coiffa son large tricorne noir puis toujours souriant ébouriffa les cheveux du gamin.

-Oui...Oui da, m'sieur, je vous suivrai, bredouilla simplement le gamin qui s'équipa d’autant de pistolets et de munition que son ceinturon put en contenir.

Le capitaine acquiesça d'un hochement de tête, avant de monter sur le gaillard arrière, et petit Will' lui emboita le pas.


Les deux vaisseaux couraient rapidement l'un vers l'autre, toutes voiles dehors. Fier-Galion ne se montrait guère rassurant, scrutant le pont du navire orc au travers de sa longue vue. William, tremblant d'émotion écoutait le capitaine parler dans sa moustache.

- Sacrebleu, il encore plus gros que je ne le pensais, et son pont grouille de peaux vertes... Attendez mon signal pour ouvrir le feu!

Un silence de mort s'était appesanti sur la mer, troublé par le son sourd les tambours de guerres...Les deux vaisseaux n'étaient plus qu'à quelques encablures l'un de l'autre à présent. Quand soudain un fracas terrible éclata! Toutes les pièces du navire orcs venaient de cracher leurs bordése. Fort heureusement celles-ci passèrent par-dessus la voilure rase de l'Hybellion sans lui faire grand mal. Cependant, les hommes se jetèrent ou blottirent instinctivement au sol, l'un d'entre eux, paniqué lança au capitaine:

-Ma Loué Cap’taine! Qu’attend-on pour répondre comme il convient à ces damnés démons!

Fier-Galion était resté debout malgré la mitraille, empoignant la barre avec fermeté et détermination, il répondit sèchement au matelot.

-Silence garçon! Attends mon ordre!

Par deux fois encore le navire orc envoya des bordées longues à l'Hybellion. Bien que peu efficace certains projectiles atteignirent le pont de l'Hybellion. Dans un bruit craquement de bois et des cris de douleur ou de stupeur, les projectiles percutèrent mollement le vaisseau humain accompagnés des cris sinistres et gutturaux des canonniers peaux vertes. William se jeta à terre cherchant l'abri du bastingage, transit de peur. Le capitaine le releva avec rudesse et d'une seule main, l'autre tenant toujours la barre.

- La tête haute sur le gaillard arrière, fils...

Tout en subissant sans y répondre le feu, heureusement peu meurtrier de son adversaire Fier-Galion manœuvra l'Hybellion pour la placer dans le sillage du bâtiment orc . Les navires ne se trouvaient plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre. La tension monta encore d'un cran.

-Tonnerre cap’taine! On va encaisser toute sa bordée à quelques mètres... Nous sommes faits!

- Tais-toi donc sot! Et laisse-moi faire! La barre à tribord toute! Canonniers à vos pièces!

Le capitaine tourna la barre. Craquant de toute sa membrure, l'Hybellion vira brusquement, alignant les gueules de ses canons sur l’arrière de son adversaire. Ce dernier ne pourrait virer à temps du fait de sa masse pour éviter la bordée meurtrière.

Un cri rauque et puissant lancé du gaillard arrière rompit le silence « Feu! ». Instantanément les batteries de l Hybellion crachèrent à bout portant et dans les entrailles même du bâtiment orc leurs meurtriers projectiles.

D’immenses et épaisses volutes de fumées roulèrent au ras des flots, noyant les deux navires. Déchainant toujours son feu contre son adversaire, l'Hybellion l’élongea sur bâbord afin de pouvoir l'enlever à l'abordage. Les grappins s'abattirent...

Morgan Fier-Galion empoigna fermement sa rapière. Ses doigts prirent la poignée, levant la lame de mithril et la fit chanter dans les airs dans un cri long et puissant.

-A l'abordage garçons! Pour l'Alliance, pour le Prince... ET POUR LA PRISE!

Ces paroles furent accueillies par une effrayante clameur et le choc sonore des armes. Immédiatement les hommes de l'Hybellion se ruèrent à l'abordage.

-Sus aux démons! Tue! Tue! Tue!

L'odeur âcre de la poudre brulait les poumons de Will. Les yeux ruisselant de larmes, le mousse arma un pistolet avant de tendre celui-ci au capitaine, qui l’empoignant s'élança avec agilité sur le pont adverse. De nombreux autres et robustes gaillards l'imitèrent et se jetèrent sur les démons à peau verte.

Fier-Galion bondit sans crier gare au milieu des rangs orcs et trolls, taillant sa route a coup d'épée et de coup de mousquet...William prenant une grande inspiration et son courage à deux main, se décida à avancer, poussé par l'impressionnant courage que déployé son capitaine. D'une main crispée et tremblante le garçon saisit d'un cordage puis escalada la coque du navire afin de rejoindre son capitaine, serrant contre lui les armes à feu.



Dans un chaos indescriptible, une âpre mêlé s'engagea sur le gaillard arrière du monstrueux bâtiment. Les marins de Fier-Galion n'étaient alors qu'une poignée en comparaison de leurs adversaires. Seraient-ils vainqueur? Vous le saurez...dans le prochain épisode de la Chronique de l'Hybellion!

Depuis les mâts et le pont de l'Hybellion, une pluie de grenades et de projectiles s'abattait sur le pont du navire orc. Face à cette pluie de fer et de feu, l'équipage orc, massé sur son gaillard, reflua en désordre.
L'instant suivant, se ruant dans l'espace balayé par les grenades et jonché de corps inanimés, les hommes de l'Hybellion envahirent le pont adverse dans une terrifiante clameur.


William rampa comme une bête ahurie le long de la coque et finit par se hisser à bord du vaisseau peaux vertes en haletant... Il jeta un rapide coup d'œil devant et autour de lui avant d'être pris d'un violent haut de cœur. Partout sur le pont, il y avait des cadavres mutilés et piétinés: ces immondes démons à la peau verte mais aussi des camarades de bord, gisant dans des ruisseaux de sang... Tout autour de lui tout n'était que tuerie et mort violente.

-Matelot! Matelot! En avant, pour l'alliance! Lui criait son cœur sur le point d'éclater. Tu dois rester près du capitaine te battre pour lui et tes camarades!

Mais sa volonté ne répondait pas; et son corps tremblait, il n'osait ouvrir les yeux ni regarder en avant. Son cœur bondissait dans sa poitrine tel une bête affolée...Il sentit son corps s'effondrer contre le bastingage comme si toute force l'abandonnait brutalement. Il réfugia son visage dans le creux de ses mains en sanglotant amèrement, cherchant à s'échapper de ce cauchemar par quelque moyen. Mais que faisait-il là?! Qu'était-il venu chercher dans cette folie?!
-Je ne veux pas mourir... Je ne peux pas mourir! Pas aussi inutilement! Répétait-il en sanglotant. Dans l'obscurité de son esprit il entendit la voix rugissante du capitaine combattant dans le lointain...Un frisson lui parcourut l'échine. Et le moussaillon rouvrit les yeux et releva la tête vers le tumulte de la bataille.

Une stupéfaction complète et une admiration sans borne domina un moment la peur de William. Il eut le cœur remplit de honte mais releva la tête en hoquetant...

Électrisant son équipage, Fier-Galion menait l'assaut en riant de manière féroce, enivré par l'odeur du sang et de la poudre. Il fondait tel un fauve, ruisselant de sueurs et de sang, éventrant à lui seul des grappes entières d'adversaires... Et il riait... Il n'avait nullement peur de la mort.

-A moi l'Hybellion!

A la vue de ce spectacle, le cœur de l'adolescent frémit et son courage s'enflamma. Il serra les poings. Le capitaine ne se battrait pas seul...pas sans lui!
-Tant pis si il faut mourir, mais je ne vais pas les abandonner! Pas maintenant!
En tremblant plus d'émotion que de peur à présent, il empoigna ses armes et rejoignit son capitaine et ses camarades.

Les orcs étaient en proie à une grande confusion: Déjà bien entamés par la meurtrière canonnade de l'Hybellion, les peaux vertes tombaient comme des mouches sous la violence de l'abordage auquel les marins humains les avaient contraints... Mais plus ces derniers en tuaient, plus ils en venaient... Les orcs et les trolls semblaient toujours plus nombreux. Fier-Galion et ses officiers savaient depuis le début que se serait un « rude morceau » mais pas à ce point. Le capitaine prit conscience qu'il avait largement sous-estimé les effectifs de ses adversaires. A tout moment ces derniers pourraient se ressaisir et submerger son équipage! Il ne se laisserait pas abattre! Ca non! Il lui fallait agir vite...il lui fallait une idée...


Le vieux Bob le quartier maitre vint trouver le capitaine suivis d'une poignée de fusiliers de Marine, des volontaires de Tol Barad.
-Cap'taine! Nos pertes commencent à être sévères... Je vous amène quelques chasseurs en renfort!
-Tonnerre de Kul'Tiras ça suffira jamais il nous faut un miracle ou...une idée mon vieux Bob, et vite..., il jeta un rapide coupp d'oeil autour de lui puis s'exclama:

-Oui, j'ai trouvé! Suivez-moi! Hardi les gars!

Sur ces paroles Fier-Galion se précipita vers des canons de gros calibres, aligné sur le pont orc, aboyant ses ordres:

-Aidez-moi les gars! Nous allons retourner leurs propres canons sur eux! Ils sont massés sur le pont nous allons les pulvériser à leur approche! Que les Fusiliers se rangent devant pour masquer la manœuvre!
- Brillant cap'taine! J'vous suis! HO HISSE! LES GARS! Tous avec le cap'taine! Allez ! Brisez-vous l'échine tas d' feignants!

Vivement les pièces d'artilleries furent retirés de leur sabord et braquées vers le pont avant d'être chargés jusqu'à la gueule de mitrailles, de clous de morceaux de verre...William se tenait auprès du capitaine et s'appliqua de son mieux pour prêter main forte à ses camarades. Ceci fait il se mit à l'abri couvrant ses oreilles de ses mains.

-On est paré cap'taine!
-Fusiliers! En arrière! Écartez-vous!

Voyant les humains reculer et la situation tourner à leur avantage, une masse compacte et grouillante constituée de trolls et d'orcs chargea en désordre et en braillant leur envie d'en découdre... Lorsqu'ils prirent aperçurent enfin les canons, il était déjà trop tard ... Un ordre fusa.

-FEU!
Dans un fracas épouvantables les canons fauchèrent, déchiquetèrent à bout portant la quasi-totalité des assaillants. Les survivant de la boucherie fléchirent et refluèrent en désordre vers l'arrière. Prompt comme l'éclair Fier-Galion profita de l'occasion et bondit en avant ramenant ses hommes sur le reste des peaux vertes découragés. Il ne voulait pas laisser ses ennemis se ressaisir de nouveau. Sa voix puissante déchira le tumulte de la bataille, adressant un dernier encouragement à ses hommes.

-En avant! Finissons-en avec ses buveurs de sang! La victoire est là camarades!

Un ultime et tout aussi furieux corps à corps éclata, les orcs se défendirent avec l'énergie du désespoir. William se tenait aux côtés du capitaine et du vieux Bob, déchargeant le contenu de ses armes contre sur ce qui passait à sa portée. Sa petite taille et l’épaisse volute de fumées le rendait presque invisible aux yeux des peaux vertes. William vit soudain un objet rond et métallique roulé non loin de lui. Bob se jeta sur lui et le plaqua au sol, sous lui en Hurlant.

« -Grena..! »

Il y eut soudain un bruit terrible...Un moment de tumulte et une grande confusion parmi les combattants. Des cris de douleur et de stupeur. Le souffle de l'engin explosif projeta le garçon contre la base du grand mat. Terrifié et sonné l'adolescent observa l'immobilité durant quelques secondes cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Ses oreilles bourdonnaient, une douleur aiguë s'accrut dans son bras et son front. Bientôt il sentit du sang frais dégouliner le long de sa main et de sa tempe. Il eut soudain froid et mal au cœur. Il gémit.

Il y a avait encore quelques bruits de bataille autour d'eux mais ils lui parurent lointain:, on devait à présent se battre dans les entrailles du vaisseau, « nettoyer » les entreponts, ce genre de chose... Ayant retrouvé en partie ses sens, il se retourna avec peine sentant un corps, gisant à ses côtés. C'était le vieux Bob. Celui-ci remuait faiblement. Son corps était criblé d'éclats de métal ou de bois et son œil droit saignait abondamment. William s’accroupit avec peine scrutant d'un œil tremblant les alentours. Il prit sa ceinture de tissus et pansa comme il put l'œil du vieux bonhomme. Faisant ceci il cherchait du regard une arme pour se défendre d'une éventuelle menace. Le vieux Bob lui adressa un sourire remplit de gratitude puis s'évanouit. William se redressa, hagard et déboussolé...

Il scrutait toujours les environs recherchant une arme lorsqu’il aperçut la belle rapière de mithril de Fier-Galion, trainant sur le pont, non loin de lui... Le mousse fit quelques pas vers elle en chancelant, visiblement encore sonné et la ramassa d’une main tremblante. Elle était si belle… Si légère... Un enfant au même titre d'un adulte aurait pu la manier avec une meurtrière précision.
Il plissa les yeux et inspecta de nouveaux les alentours, son regard cherchant à percer les volutes de fumée. Une peur froide envahit subitement le cœur du garçon. Il balbutia dans un sanglot…

- Sainte Lumière... L’Cap’taine !



Soudain! Ce fut le soulagement... Le capitaine se situait à quelques distances de lui. Fier-Galion se trainait péniblement sur le pont tendant une main crispée et ensanglantée en direction du garçon. Mais alors qu'il rampait une silhouette, imposante et titubante, surgit de la fumée et approcha dans son dos. Les petites mains de Will se crispèrent sur la garde de l'épée. Le garçon étouffa un cri de stupeur, et serra la rapière contre lui.

C'était un orc comme jamais William n'en avait vu. Un orc encore plus monstrueux que les autres, flanqué une impressionnant lame. Le peau verte s'avançait avec détermination vers le capitaine s'adressant à lui , tantôt dans son horrible langage tantôt en langue commune.

-Kek... Ha ha... Alors c'est ce grand coquin qui est cause de tous mes problèmes? Viens par ici mon mignon... No'bu...

Il se pencha et se mit à rire d'une manière gutturale et atroce en empoignant le capitaine par le col, puis le souleva sans grande difficulté, l'empoignant fermement par les cheveux. La brute ne prêta pas attention à l'enfant ou bien ne le vit pas. Fier-Galion grimaça en silence mais se débattit, sans grand résultat. L'orc peau verte emmena ses crocs jaunes tout près de la face du capitaine et tous deux se fixèrent longuement... d'un regard plein de haine et souriant.

-Tu ne survivras pas longtemps à ta victoire... Je te ferais couiner comme un porc, sale petite peau rose...

Sur ses paroles l'orc souleva lentement son arme en crachant et toussotant un épais sang noir...

N'écoutant que son cœur l'adolescent empoigna encore plus fermement la poignée de la rapière et il fondit droit sur l'orc, rugissant de la manière la plus rauque et bestiale qu'il put. L'étincelante lame de mithril se mit à chanter en fendant les airs s'enfonça sans grande difficulté dans les chaires et la gorge de l'orc. Le jeune garçon le frappa frénétiquement en hurlant. Il le frappa à la gorge...encore et encore...Et encore.

L'orc se crispa, émit un hurlement hideux qui se transforma peu à peu en un immonde gargouillis. Son corps agité de soubresauts bascula lourdement sur le pont...

La bataille était enfin terminée, le calme était soudainement tombé. Les hommes d'équipage de l'Hybellion se rassemblèrent et firent la ronde autour d'eux, brandissant leur arme et hurlant de joie.

Le capitaine se releva, souriant affectueusement au garçon, puis arrangea fièrement son tricorne. William encore haletant et couvert de sang, dirigea sa main vers la rapière et la retira du corps sans vie de l’orc, la nettoya dans sa chemise de lin puis la tendit à son propriétaire par la poignée. L'épée débarrassée du sang qui la souillait, étincelait sous les rayons du soleil matinal, éblouissant les marins. Fier-Galion se baissa se mettant à hauteur du garçon.

-Votre épée Monsieur...
- « Aurore »...Elle se nomme « Aurore ». Elle te plait n'est-ce pas? Eh bien... Elle est tienne.
-Mais capitaine je... C'est trop d'honneur ...Je ne sais pas quoi dire ...je...
-Eh bien ne dis rien, jeune William...Tu la mérite … Je sais que tu en feras toujours bon usage. Elle sera pour tous le symbole de ton courage et de ta fidélité.
-A vos ordres, mon capitaine....

Avec calme et lenteur, le capitaine empoigna la rapière la rangea dans son fourreau, et l'accrocha au ceinturon de son jeune mousse, très ému. Lorsque ce fut fait, les hommes d'équipage agrippèrent William et le portèrent en triomphe, exprimant au garçon leur joie et leur fierté!

-Et pour William Llaynor! Hip! Hip! Hip!
-Hourra!
-Hip! Hip! Hip!
...
Le garçon esquissa un sourire à la fois gêné et ravis , se laissant prendre au jeu..... Il ne parvenait pas à y croire. Il admirait avec fierté sa nouvelle compagne d'infortune et d'aventure... la belle et redoutable Aurore.


L'ivresse de la victoire passée, l'Hybellion prit ensuite le cap de la cité de Kul'Tiras avec ses prises, afin de fêter dignement sa victoire.

Kul Tiras est l'un des Sept Royaumes humains qui naquit de l'éclatement de l'empire d'Arathor et qui fut l'un des membres de l'Alliance de Lordaeron. Sa couleur nationale est le vert et son symbole une ancre. 

Kul Tiras est une grande île à l'ouest des côtes de Khaz Modan, entre Hurlevent et Lordaeron. Les régions au climat instable et au terrain accidenté sont recouvertes d'arbres clairsemés. Kul Tiras a un climat tempéré, bien que sujet aux tempêtes océaniques. La nation est également très venteuse, ce qui rend les trajets en zeppelins très périlleux. Sa faune comprend quelques créatures des forêts telles que les renards, les écureuils et l'occasionnel ours noir.

Le plus grand atout de Kul Tiras est également son plus grand danger: la mer. Les rivages de Kul Tiras abritent beaucoup de poissons et de fruits de mer. On dit que Kul Tiras possède les meilleurs homards et crabes royaux de toute la région.

Crestfall, juste au large de la côte nord, et Tol'Barad, plus loin dans la même direction, font également partie de Kul Tiras. 

Il y a plus de mille ans, la cité-état de Kul Tiras fut fondée sur une grande île à l'ouest de Khaz Modan entre Lordaeron et Azeroth. Kul Tiras développa une économie florissante basée sur la pêche et le commerce maritime. Au cours des années d'impressionnantes flottes de navires marchands furent crées et parcoururent les mers à la recherche de biens exotiques à vendre et échanger. 


La grande nation de Kul Tiras prospéra grâce aux exportations de fruits de mer, bétail, bois, grain, or et autres biens. Le royaume finit cependant par subir des attaques de pirates ainsi que de murlocs. Ces problèmes n'ont fait qu'empirer depuis la fin de la deuxième guerre. 

Ayant toujours possédé une flotte lourdement armée et extrêmement puissante, les vaisseaux de guerres de Kul Tiras n'étaient utilisés que pour protéger les routes maritimes entre l'île et le continent. Pendant la deuxième guerre, la flotte de guerre fut déchaînée lorsque l'Amiral Daelin Portvaillant fit rentrer Kul Tiras dans l'Alliance de Lordaeron. Malgré la première bataille navale contre la flotte de guerre orque qui se solda par la destruction des navires humains, l'armada de Kul Tiras fut un allié de poids pour l'effort de guerre. Pendant le conflit, le Grand Amiral Daelin Portvaillant fut l'un des plus farouches partisans de l'Alliance. Même si la flotte finit par triompher contre les orcs, les navires de la Horde l'avaient dévastée et elle ne s'en releva jamais.

Plusieurs années plus tard arriva la troisième guerre. Kul Tiras envoya sa flotte affronter le Fléau mais ne put pas faire beaucoup. La plupart des bateaux furent détruits, lourdement endommagés ou partirent en retraite sur Kul Tiras. Jaina Portvaillant, une puissante mage et fille du Grand Amiral, partit à l'ouest vers Kalimdor avec la moitié de la flotte restante, afin de trouver un moyen de combattre la Légion Ardente. Elle y parvint en s'alliant avec les elfes de la nuit et les orcs, et décida de rester en Kalimdor avec ceux qui avaient voyagé avec elle sur l'île de Theramore. Elle établit un traité de paix avec la Horde de Thrall, installée en Durotar. 

Quelques mois plus tard, le Grand Amiral, se rendant compte qu'il ne pouvait empêcher la chute de Lordaeron et voulant aider sa fille, prit les navires restant et navigua pour la retrouver.

Le lieutenant Alverold fut envoyer en mission d'exploration autour du continent de Kalimdor pendant que Portvaillant mena le premier débarquement sur le rivage.

Peu disposé à même parlementer avec les orcs alliés à sa fille, le Grand Amiral attaqua sans relâche la Horde de Durotar. Les orcs contre-attaquèrent pour se défendre et finirent par tuer Daelin Portvaillant. Comprenant que Jaina avait tout fait pour empêcher le conflit, Thrall maintint son traité avec Theramore. 

Une petite force de marins de l'expédition du Grand Amiral, menée par le Lieutenant Benedict, s'établit au Donjon de Tiragarde en Durotar, désireuse de continuer à combattre la Horde.

En l'absence de son père, l'Amiral Tandred Portvaillant est maintenant le dirigeant de Kul Tiras. Tandred a reconstruit la flotte de Kul Tiras, mais elle n'est pas comparable à celle du passé. Avec l'aide du capitaine Mishan Waycrest, il fait de son mieux pour combattre les murlocs, naga et pirates qui menacent les côtes et les vaisseaux de Kul Tiras. 

Citation :

Yep Savador, par contre c'est un texte allianceux ! Voici l'article original de Kul Tiras que j'avais brodé pour la CdH et qui était nettement plus concis que le précédent... Et avec ceci, bien entendu: LA SUITE! N'oubliez pas de lâcher vos com's! Bonne lecture et bon divertissement!

Appendice (Original) :




Il y a plus de mille ans, la cité état de Kul Tiras fut fondée sur une grande île à l'ouest des royaumes de l'est. La cité développa une économie florissante basée sur la pêche et le commerce maritime. Au cours des années d'impressionnantes flottes de navires marchands furent crées et parcoururent les mers d'Azeroth.

La fière nation de Kul Tiras prospéra grâce aux exportations de fruits de mers, bétail, bois, grain, minéraux et autres biens précieux. La cité possédaient une flotte lourdement armée et extrêmement puissante, les vaisseaux de guerre de Kul Tiras n'étaient utilisés que pour protéger ses routes maritimes entre l'île et le continent.


Pendant la deuxième guerre les rares navires et équipages survivants de la Flotte de Hurlevent y trouvèrent refuge puis la flotte de guerre fut déchainée lorsque l'Amiral Daelin Portvaillant fit rentrer Kul Tiras dans l'Alliance de Lordaeron. Malgré sa première bataille navale contre la flotte de guerre orque, qui se soldat par la destruction des navires de la III ème Flotte, l'armada de Kul Tiras fut un allié de poids pour l'effort de guerre. Le Grand Amiral Daelin Portvaillant fut l'un des plus farouches partisans de l'alliance. Même si la flotte finit par triompher des orcs, les navires de la Horde l'ont dévastée et elle ne s'en releva jamais.

Affaiblie par plusieurs années de conflits, la cité doit à présent faire face à la menace des pirates, chaque jours plus nombreux et plus audacieux...






La guerre pris fin et l'Alliance triompha. Le chef de la Horde, jadis un orc puissant connu sous le nom d’Orgrim Marteau du destin fut fait prisonnier, et ses troupes massacrées ou bien dispersées à travers Azeroth. Les réfugiés de Hurlevent reprirent le chemin du retour vers leur ancien royaume afin de reconstruire leurs vies et leurs terres ravagées par l'horreur de la guerre ...

Pour Kul Tiras la fin du conflit contre la Horde marqua la fin d'une époque : La fin de sa domination maritime sur les mers d'Azeroth...Pour ne pas dire le début de la fin pour Kul Tiras… Considérablement affaiblie par plusieurs années de conflits, la Flotte de Kul Tiras dut à présent faire face à la menace des pirates. Des pirates sanguinaires chaque jours plus nombreux et plus audacieux... pillant impitoyablement les convois maritimes et les villes côtières que la flotte n'était plus en mesure de protéger efficacement. A un tel point que le ravitaillement de la cité insulaire aurait été compromis si personne n'était intervenus.

Mais c'était sans compter sur la bravoure et l’initiative de capitaines et armateurs de l'Alliance tel que Morgan Fier-Galion, qui au lieu de dépenser égoïstement leurs énormes fortunes (amassées lors du conflit naval contre la Horde et la vente des esclaves peaux vertes), s'employèrent à construire des flottilles corsaires pour mener la chasse aux forbans et protéger les convois commerciaux...

Ce jour-là, Hybellion entrait fièrement dans la rade du Kul Tiras, au milieu des acclamations enthousiastes de la foule massée sur les quais, le vent chassait la brume et gonflait sa misaine comme un joli corps de femme. Le navire humain remorquait derrière lui un sinistre bâtiment, enlevé à l'abordage. Ce navire venait des Mers du Sud avec une cargaison d'épices, de rhum, de métaux précieux et d'autres denrées exotiques tels que des esclaves orcs ou trolls.


Le lendemain de cette prise, comme le voulait la tradition à Kul Tiras, « c'était un jour de fête » pour l'équipage qui défilait, musique en tête par les principales rues de la ville les trophées de sa victoire ».

Et le soir, ces mêmes corsaires se retrouvaient dans les tavernes pour dépenser en quelques heures ce qu'ils avaient gagné au risque de leur vie , en boisson ou agréables compagnie . Mais, ainsi se voulaient-ils, inconscients qu'ils étaient. Leurs vies seraient courtes, mais elles seraient joyeuses! 

Comme à leur habitude les corsaires de l'Hybellion jetaient l'ancre "A la Pinte d'Or" situé dans le vieux port, tenu par un certain Brian Duncan, un homme très complaisant pour accorder des crédits qu'il accordait volontiers aux corsaires, en prenant toutefois une hypothèque sur les prises futures. 

Et bien sûr, ce soir-là à Kul Tiras, l'alcool coulait à flots! On chantait, On dansait! On ne regardait pas à la dépense! Nuit d'ivresse et de plaisirs ! La nuit était fort avancée quand les hommes se séparèrent pour rejoindre leurs bords ou leurs foyers.

Cette nuit-là, un seul ne se leva pas, et pour cause : c'était un vieux marin hirsute et borgne, accoudé au bout d'une table, qui s'était assoupi sans doute, pour avoir trop levé le coude. Quand la salle fut vidée de ses occupants, un jeune et beau marin flanqué d'une magnifique rapière, s'avança en tapinois et, prenant sur une table une bouteille à moitié pleine, il s'en versa une rasade avant de vider le reste de celle-ci sur la tête du vieux loup de mer en riant gorge déployée.
-A ta santé Vieux Bob! 


Celui-ci, réveillé en sursaut par la projection du liquide releva vivement la tête vers le nouveau venu avant de rire à son tour...Le vieux Bob fit face au garçon, lui adressant un sourire affectueux et l'invitant à s'assoir à ses côtés.
-Par tous les pirates! Llaynor! William Llaynor! Finalement tu restes pour trinquer encore un peu avec l'vieux Bob? Grogna Bob, amusé.
William, le jeune moussaillon avait bien grandit, il était devenu un beau et fringant jeune homme. Celui-ci sentit un sourire gêné danser sur ses lèvres, il posa sa rapière sur la table et prit place à côté du vieux quartier maitre de l'Hybellion avant de lui répondre avec calme.
- Non, non...Je te remercie... Disons que j'avais une raison de revenir, lorsque tout serait plus... calme.
Le vieux Bob fronça les sourcils caressant calmement sa barbe, visiblement intrigué, puis son œil valide se mit soudain à scintiller de malice...Le vieux se pencha vers Will' lui agrippant maladroitement l'épaule.
- Une raison ? Tu dis?*Hips*Par hasard ?? Ça serait pas une raison... En jupon? Qui travaille avec l'aubergiste? *Burps*Par hasard?
William se composa un masque impassible et se contenta de sourire affectueusement au vieux bonhomme.
-Sauf ton respect Bob...C'est une raison qui a plus charme que toi! s'exclama Will'en riant.
Un rire grave et joyeux s'échappa de la l'épaisse barbe du vieux marin qui s'empressa de le serrer contre son cœur...Une accolade spontanée et virile.

-Ha! Ha! William *Hic*...mon fieu! Te voilà d'venus homme! Tu es malin...Malin comme un singe! Bon! Ce n’est tout mais il se fait tard...Et j'ai plus l'âge pour ces bêtises... Allez bonne nuit garçon!
Ce disant, Bob se leva, coiffa fièrement son bicorne de cuir usé et s'éloigna, titubant et fredonnant un chant de marin, un large sourire béat éclairant son visage bourru.
William l'observa s'éloigner. Avant de se levait à son tour de la table pour aller se dissimuler derrière un énorme pilier de la salle commune, non de l'entrée des cuisines. C'est là qu'il attendrait celle qui était devenue sa raison de vivre ... 


Thara Duncan, la serveuse et fille de l'aubergiste. Elle était jolie, pas tout à fait une beauté à tomber raide, mais jolie. C’était une jeune fille svelte et rousse avec de beaux yeux bleus brillants, un sourire vif et un visage hâlé avec une poignée de tâche de rousseur...
Malgré toute ses années, les amoureux ne s'étaient pas vus autant qu'ils l'auraient souhaité tous les deux. William était souvent en mer avec l'équipage de l'Hybellion, Thara avait des journée bien remplie de plus l'aubergiste protégeait jalousement sa serveuse et fille adorée... . Mais cela donnait d'avantage de piment à leur relation, les jeunes gens volaient des instants quand ils le pouvaient: un baiser dans un couloir peu fréquenté, un regard furtif et complice lors des fêtes données à la Pinte d'Or...
William mémorisa son emploi du temps pour lui tomber dessus lorsqu'elle sortait faire des courses en ville ou lorsque son père était occupé à faire ses comptes, tous deux se promenaient tendrement sur les marchés et les quais...William et Thara en aimèrent chaque minute risquée, osée...



Ce soir-là... William l'attendait, debout dos à un pilier de la salle... tous les sens aux aguets. Thara allait venir pour ranger la salle et nettoyer les restes de la nuit. Elle aurait à traverser la cuisine puis à passer juste à côté du pilier où il s'était dissimulé.
La voilà, le son léger de ses pas, le bruit de ses pieds chaussés se déplaçant sur le sol. Will' se colla d'avantage au pilier, la cherchant du coin de l’œil.
Elle ne l'avait pas remarqué...Rapidement il s'élança vers elle avant qu'elle puisse s'éloigner de trop, attrapant son bras et l'attirant dans l'ombre. Il ne l'effrayait jamais, enserrant son plateau contre sa poitrine d'un bras tandis que l'autre entourait le cou de William tandis qu'ils s'embrassaient.

-Bonsoir ma dame, murmura le jeune homme, embrassant son cou et souriant contre sa peau.
-Bonsoir, mon lieutenant, murmura t'elle joyeusement en soupirant.
-Thara, dit une voix rauque et familière, qu'est-ce que...
Ils se séparèrent d'un air coupable, observant l'intrus. Thara hoqueta doucement et le rouge lui monta aux joues.

Le vieil aubergiste se composa un masque impassible, mais la surprise et la colère marquaient clairement son visage. Le petit bonhomme courtaud mais robuste crispa ses poings sur le manche de son balai mais resta à sa place contemplant les jeunes gens. Bryan regarda sa fille, puis toute colère disparut de ses yeux laissant place à une expression tendre et bienveillante. Thara baissa le regard honteux, confuse et tremblante comme une feuille.

-Tu as oublié ton tablier en partant, annonça-t-il d'une voix étonnement calme: sur ces mots il leva le bout de tissus et adressa un regard noir à William. Je t'ai suivi pour te le rendre...'

Thara leva ses yeux vers William, mordillant sa lèvre inférieur. Il était aussi surpris qu'elle, mais il se força à sourire à grand peine bien qu'un peur froide lui glaçait le cœur. Le jeune corsaire aurait été plus à son aise s'il s'agissait d'affronter un grain ou un abordage. Il garda néanmoins son bras autour de Thara tandis que leurs regards se croisèrent. Pendant un moment il pensa que ce dernier lèverait son balai lui fendre le crâne. Cependant il continua de soutenir le regard de l'aubergiste avant de s'adresser à lui en balbutiant.

-Bryan ...Hé … Hé...je crois qu'une conversation s'impose, n'est-ce pas?
-En effet mon gaillard..., siffla Bryan plissant légèrement le regard.

-Inutile de le cacher plus longtemps... J'aime ta fille et je..., Will' sentit une boule descendre dans sa gorge, il déglutit puis continua dans sa lancée. Je suis venu ce soir pour te demander la main de Thara.

Thara sentit un délicieux frisson lui parcourir l'échine. La jeune fille releva vivement la tête et ses beaux yeux bleus s'agrandirent, un magnifique sourire se mit à danser sur ses lèvres. Puis elle se tourna vers son père...

Le vieux Bryan écarquilla les yeux, ayant visiblement beaucoup plus de mal à digérer une telle demande. Il grommela dans sa barbe de manière.

-Épouser Thara?! Quelle idée c'est encore une enfant et toi aus-...
-Je ne suis plus un enfant. J'ai dix-huit ans et... Je suis depuis toujours sous les ordres du Capitaine Fier-Galion Je suis même officier à son bord, protesta William. Thara sera heureuse avec moi... Je vous le jure... je souhaite l'emmener à Hurlevent nous y fonderons notre foyer.
-Oh bien sûr...Je sais que tu n'as qu'une parole Will' et je ne dis pas non...

Thara et William le souffle court et visiblement émus, joignirent leurs mains avant de se regarder avec tendresse.

-Tu es un garçon courageux et généreux. Nul doute la dessus.... Tes camarades de bords et Fier-Galion s'accordent à dire que t'es ben brave… Je ne dis pas non... MAIS! Tu es encore bien jeune et pas bien riche... Et la vie d'un marin est remplie de périls... Ce n'est pas contre toi Will'...Mais je veux que ma Thara soit heureuse et qu’elle ne manque de rien... Je ne peux accepter pour le moment donc je dis pas oui.

Les visages de William et de Thara se décomposèrent soudainement...

-Papa! S'il te plait! William a suffisamment risqué sa vie comme cela! protesta Thara .
-Thara! Tu n'as pas ton mot à dire à ce sujet... Je suis ton père! Gronda Bryan.
-Je ne suis plus une enfant !
-Tu es MON enfant!


Refoulant sa déception William resta un moment silencieux, pressant Thara contre lui pour la réconforter. Le jeune marin prit une grande inspiration prenant le visage de sa douce dans le creux de ses mains et lui parla avec douceur afin de la calmer...

-Il ne s'agit que de cela? Soit j'attendrai Thara ... Je vais repartir ....Et je reviendrai riche! Je te le promets Thara … même si je dois risquer cent fois ma vie! Je reviendrai et je t'épouserai.
-Je t'attendrai William..., répondit simplement Thara dans un murmure tremblant.
Tous deux échangèrent un dernier et tendre baiser... William partit.

Au petit jour et sous les acclamations de la foule, l'Hybellion appareillait emportant son hardi capitaine et son équipage vers de nouvelles et formidables aventures...
...

Quelques jours passèrent … Quittant l'ile de Kul Tiras, l'Hybellion reprit sa chasse dans les Mers du Sud. Mais d'effroyables grains l'assaillirent tandis qu'elle remontait le Maelström vers l'archipel d'une colonie Tyrasienne à l'époque peu connue... Theramore.



Le magnifique navire craquant de toute sa membrure, roulait dans la tempête mettant les nerfs et les corps des marins à rude épreuve. Un soir Fier-Galion se tenait à la barre avec le fidèle Vikk Hamnar, son second, lorsque le jeune et fringuant William Llaynor, alors troisième lieutenant, vint les relever à la barre bravant le pont glissant et submergé par les flots tumultueux.

-Quel temps pourri capitaine, et pas une éclaircie depuis des semaines... il faut sortir de ce bouillon avant de courir à la catastrophe...
-Je crains que vous n'ayez raison mon petit Llaynor... Les hommes commencent à être durement éprouvés. Nous sommes tout près du port de Cabestan, un port gobelin. On va s'y réfugier. Mettez le cap dessus...
-A vos ordres cap'taine...

Mettant le cap sur le port de Cartel l'Hybellion sortit bien vite de la tourmente... La nuit suivante, un répit inespéré fut accordé pour tout équipage abruti de fatigue. Quand l'aube embrasa l'horizon et dévoila les côtes âpres et belles des Tarides, sur le lointain continent de Kalimdor, un cri retentit depuis la vigie: Fier-Galion et ses lieutenants se levèrent et accoururent sur le pont.

-Ho! Cap'taine! Cabestan est en vue capitaine droit devant! Mais il y a du monde...Deux forbans à l'ancre! Cap'taine! Et des gros! 

Fier-Galion monta vivement sur le pont pour observer l'horizon de sa longue vue de mithril. Le Lion de mer d'Hurlevent se mit à rugir de plaisir.

-Voilà un joyeux réveil! La barre droit sur eux garçons! Et branlebas de combat!

En effet... Mouillés côte à côte deux forts vaisseaux pirates Gilnéens s'apprêtait à donner l'assaut au petit port gobelin après l'avoir généreusement pilonné ...

-Ils sont ancrés bien près de la terre et cette baie est truffée de récifs et de bancs de sable.
-Tonnerre capitaine... Avec ses récifs... Impossible de manœuvrer en combat! C'est de la folie ...
-Tant pis! On risque, grogna Fier-Galion se munissant de son porte-voix, aboya ses ordres:

-Tout le monde sur le pont! Branle-bas de combat! Feu!

-Hum...sale affaire ma vieille Aurore, pensa William en crispant sa main sur la poignée de son épée. Mais ça vaut le coup... Thara donne-moi la force! La pensée de la jolie rousse galvanisa le jeune marin qui se précipita pour donner ses instructions et aider aux manœuvres.


Avec une folle audace et malgré le feu d'enfer qu'il l'accueillait Fier-Galion laissa l'Hybellion se glisser entre les deux vaisseaux et filer droit vers le plus imposant. L'Hybellion concentra tout le feu son artillerie sur celui-ci. Une demi-heure durant une effroyable canonnade se déchaina, bientôt d'épaisses volutes de fumée roulèrent au ras des flots noyant complétement les trois navires.
Mortellement fauché par le feu adverse, le second Vikk Hamnar, s'effondra dans les bras de son capitaine ou il y rendit son dernier soupir en souriant. Fier-Galion lui ferma les yeux avant d'analyser la situation. Morgan prit conscience que le combat ne tournait pas à son avantage et qu'il lui fallait forcer le destin...Il appela William à ses côté, et lui donna ses ordres.

- « Monsieur Llaynor » vous voici devenu second... Ça se gâte. Embarque avec une quarantaine de rudes gaillards dans les canots...et va m'aborder leur deuxième vaisseau.

William fut tout d'abord surpris et ému puis galvanisé par cette nouvelle responsabilité s'exécuta vivement sans fléchir. Tout aussi vivement les canots furent descendus du côté opposé de leurs l'adversaire...Ainsi la masse de l'Hybellion les dissimulait à leur insu...Quarante gaillard résolus et armés jusqu’à la dent suivant William et le vieux Bob y embarquèrent.
Enlevés par de vigoureux bras, ils s'éloignèrent de l'Hybellion et complètement cachés par la l'épaisse fumée de la bataille navale. Ils voguèrent avec rapidité vers le vaisseau pirate...

-Ca y est « M'sieur Llaynor. » Nous l'avons contourné …

« M'sieur Llaynor » Le jeune corsaire rayonnait de bonheur de fierté... Il répondit au vieux bonhomme d'une voix teintée amusement et tremblante d'excitation.

Ha! Ha! Avec toute cette fumée, ces maudits buveur de sang n'ont rien vu...Faut dire que le capitaine les occupe drôlement sur l'autre flanc...

Mais alors que les canots abordaient l'adversaire grâce à leurs grappins, un forban aperçut la manœuvre et tenta de donner de prévenir ses compères Mais il était déjà trop tard...Vif comme l'éclair, William attrapa un mousquet mit le pirate en joue et lui fit exploser le crâne. Le corps de l'homme bascula par-dessus le bastingage..

Sautant avec agilité sur la coque du navire, William tira son élégante rapière de son fourreau et la brandissant fièrement devant lui il rugit à ses camarades!

A l'abordage!! Pour Fier-Galion! Pour l'Hybellion! (Mes excuses pour le manque d'originalité musicale...mais il fallait bien qu'elle tombe un jour! xD)


Dans une immense clameur, William et ses hommes envahirent le pont du naivre pirate, prenant leurs adversaires à revers. Ceux-ci, paniqués, commençaient déjà à reculer en désordre... Mais l'effet de surprise fut de courte durée...Galvanisés par leur charismatique capitaine, les pirates ne mirent pas longtemps à se ressaisir. Une âpre mêlée s'engagea sur le pont.

-A moi garçons! Ces chiens galeux ne sont qu'une poignée! Pas de quartier!

Déjà le capitaine avait repéré William comme étant le meneur et se dirigeait déjà vers lui avec la ferme détermination d'en finir...Le capitaine forban pointa son mousquet sur le jeune corsaire et pressa sur la gâchette, un sourire féroce et terrifiant au coin des lèvres .

-Attrape...Et bien le bonjour en enfer, maudit corsaire! 

Ayant anticipé la fourberie William fit un brusque écart sur le côté évitant de justesse le projectile. Puis pareil à un chat, le jeune corsaire bondit avec un agilité féline en direction du loup de mer avant envoyer la lame d'Aurore déchirer les entrailles de son adversaire. Celui-ci écarquilla les yeux, agonisant et stupéfait, il tomba à genou aux pieds de William. Le jeune corsaire se pencha sur lui avant de lui murmurer, d'une voix calme et tremblante de haine...

Tiens...Et fais-toi même tes commissions... Pirate! 

D'un bref coup de pied William dégagea sa lame et fit basculer le corps sans vie du capitaine sur le pont. La réaction de l'équipage pirate en proie à la panique suite à la mort de leur capitaine ne se fit pas attendre...

-Le capitaine! Le capitaine est mort!...
-Ces démons vont nous massacrer jusqu'au dernier! Rendons nous!...Pour parler!

A ce moment au milieu des hourras le sinistre pavillon noir était amené et remplacé par le pavillon Azur de l'Alliance.




-Grâce! On se rend! 
-Moi aussi!
-Epargnez nous!

William sentit un sourire danser sur ses lèvres en voyant ses terribles loups de mer couiner, et supplier à genoux qu'on épargne leurs misérables existences, aussitôt il hurla ses ordres...

-Allons canailles! Jetez vos armes! Et en vitesse!...Bob! Fous-moi ses gibiers de potence aux fers! Et à présent tous à la manœuvre! Tous aux canons! L'Hybellion a besoin d'aide!

Sur l'Hybellion Fier-Galion avait suivi l'abordage avec inquiétude et laissa échapper un grand rugissement de soulagement lorsqu'il aperçut enfin le pavillon de l'Alliance être hisser et claquer fièrement dans le vent.

-Ha! Ha! Bravo Will'! Tu as réussi! Canonniers! Pointez vos pièces sur l'autre navire! Et feu à volonté! Nous allons concentrer le feu des deux navires sur eux et les écraser! 
Constatant la reddition de leurs camarades, le deuxième équipage pirate ne songea plus qu'à fuir. Trop pressé pour lever l'ancre leur capitaine fit couper les câbles, orienter les voiles. Sans répondre aux tirs des corsaires et il vira de bord essayant de gagner la Grand Mer. Pendant ce temps un mousse vint trouver Fier-Galion.

- Capitaine! Regardez! Ils foutent le camp sous notre nez!

Fier-Galion se mit alors à rire gorge déployée puis répondit de sa voix familière et puissante voix au petit moussaillon.

-Ha! Ha! Ne t’en fais pas petit! Nous leur barrons le seul chemin libre à travers les récifs et les bancs de sables.

A bord du vaisseau capturé, William ne perdait pas son temps, munis d'une longue vue prise à l'ennemi il estimait la situation de l'adversaire …

-Ces damnés coquins veulent nous bruler la politesse! Bob! Restes ici avec quelques hommes... Tous les autres avec moi et aux canots! Sus aux forbans!

Voulant forcer le passage le pirate Gilnéen s'échoua sur un banc de sable et les canots de l'Hybellion ainsi que ceux du navire capturé le rejoignirent et l'abordèrent dans une immense clameur. Et bientôt l'équipage pirate se rendit aux corsaires.

Le soir même, l'Hybellion levait l'ancre et, suivie de ses deux prises, mit le cap vers la petite colonie de Theramore ou elle arriva sans encombre. 
Dans la cabine de commandement, Fier-Galion et Llaynor arrosèrent dignement leur magnifique journée...

Deux navires pirates, et chacun des cales regorgeant de butins et de marchandises exotiques... Autant dire la fortune assurée pour chacun des hommes de l'Hybellion.

William s'enivrait joyeusement et jubilait déjà en imaginant la tête du vieux Bryan en le revoyant revenir non seulement fortuné mais en plus promu au grade de second sur le plus fameux corsaire de l'Alliance... Il pourrait désormais demander la main de la jolie Thara et fonder un foyer... La vie était belle!

Quelques années plus tard...Quelque part au large de Strangleronce..

Un fier et légendaire vaisseau humain cinglait vers les côtes du royaume renaissant de Hurlevent ... A son bord, un équipage de corsaires, de rudes marins rompus aux canonnades et aux abordages, commandés par un personnage, dont le seul nom faisait trembler tous les pirates des Mers du Sud et frémir les petits c...( Haem) Cœurs de toutes les demoiselles d'Azeroth... Le capitaine Morgan Fier-Galion!


Après avoir renouvelé ses vivres à Baie du Butin, une petite ville côtière Strangleronce vivant du commerce maritime et de la pêche, l'Hybellion s'en retournait vers la cité du Lion, après une fructueuse chasse. William Llaynor avait pris son quart et arpentait le pont. Il observait l'horizon lointaine avec une moue pensive et inquiète.

Ce jour-là la mer était calme et l'Hybellion voguait à une allure prodigieuse sur une mer turquoise, poussée par bon vent de travers... Le lieutenant s'accouda en soupirant contre bastingage puis ferma les yeux. 

Thara était devenu sa femme et elle lui manquait terriblement. D'y penser, il en avait le coeur gros. En doublant les feux de Hurlevent il y a plusieurs mois, le jeune officier était à mille lieux de se douter des responsabilités et des surprises que lui réservait encore la vie... Soudain un cri tomba de la vigie, l'extirpant de ses doux souvenirs:

-Voile en vue! Voile en vue! Une voile par notre travers M'sieur Llaynor! 

Le jeune et fringant second de Fier-Galion se ressaisit. Se munissant d'une longue vue, il sauta sur le bastingage, hurlant haut et fort des directives aux hommes de l'Hybellion.

-La barre dessus. Établissez les bonnettes et branlebas de combat! Faites prévenir le capitaine!
-Tout de suite m'sieur Llaynor!

William ajusta la longue vue, détaillant le bâtiment inconnu dont la mature se détaché à l'horizon. Fier Galion monta enfin sur le pont, ajustant sa chemise.

-Eh bien? Qu'avons-nous là monsieur Llaynor?

William soupira, affichant une petite moue soulagée il abaissa la longue vue puis passa celle-ci au capitaine.

-Que la Lumière soit louée... Un des notre, capitaine. Le pavillon de l'Alliance...

-Hé! Hé! Petit... Si j'en juge par son allure, ce rafiot m'a tout l'air d'être un navire d'marine marchande... de Gilnéas même?... Allons le saluer... Enseigne! La barre dessus! 

Bien qu'il fut encore très loin, Fier-Galion muni de sa longue vue, chercha à identifier le navire avant de sourire satisfait et confiant.

-Hé! Ma parole! Et quel marchand! Mais c'est...Le Gilnéen Hurlant! Le navire de ce bon vieux Hangston! Fairbrook Hangston ...Un rude clampin! Ah! Ça me fait plaisir de le revoir!

L'équipage Gilnéen Hurlant avait aussi aperçu et reconnu l'Hybellion. Naviguant l'un vers l'autre les deux navires ne tardèrent à se rejoindre et mirent panne l'un à côté de l'autre. Les deux capitaines prirent leurs portes voix respectifs et engagèrent une discussion...

-Ho! Du Gilnéen Hurlant! Hangston! Comment vas-tu vieux farceur? As-tu des nouvelles du Nord?

-Ho! De l'Hybellion! Salut garçons! Oh! Morgan! Je viens tout droit de Hurlevent. Tes prises sont bien arrivées! Bravo! J'espère en faire autant! Ah aussi... J'ai une grande nouvelle pour ton second, c'est à propos de sa jolie femme! Il est là?!


William sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il hoqueta puis arracha brusquement le porte d'une main tremblante et crispée. Le jeune homme était rongé d'inquiétude: une peur froide lui serrant le cœur il répondit au capitaine Hangston. 

-Je... Je suis là capitaine... Qu-... Qu'y a t'il?

-William Llaynor je présume?! Toute ma félicitation, mon garçon! Ta jolie Thara a donné naissance à un beau garçon, un peu avant la fête des moissons! Elle l'a appelé Jimmy! Rassures toi mon gaillard! Toutes deux se portent comme un charme!

A bord de l'Hybellion, William, sous le choc de la nouvelle et des émotions déferlant en lui, ne sentit le porte-voix lui échapper des mains puis rouler bruyamment à ses pieds tandis qu'une joyeuse clameur agité les corsaires de l’Hybelion... William, rayonnant de bonheur et sous le choc qui se laissa chahuter puis porter en triomphe aux sons des hourras.

Morgan Fier-Galion, tout sourire, récupéra son porte-voix et s'adressa de nouveau à Hangston ...

-Hangston! Amène-toi avec tes officiers! Je t'invite à diner à mon bord! Une telle nouvelle se doit d'être fêter dignement! Et …
-DOUBLE RATION DE TAFFIA ET DE TABAC POUR TOUS!  S’écria alors William, coupant Fier-Galion .


Quelques instants plus tard dans une liesse mémorable les deux navires et les deux équipages s'abordèrent joyeusement virilement et s'employèrent à festoyer aux sonx des violons, tambours et accordéons... de son côté, Fier-Galion accueillait son camarade de longue date et les officiers du Gilnéen Volant.

Fairdbrook Hangston, était battis sur le modèle de Morgan Fier-Galion bien qu'il fut en fait plus grand que celui-ci mais tout aussi bouillant et têtu...
Le capitaine du Gilnéen Hurlant était toujours accompagné de son second: une jeune et belle femme, svelte mais musclée, à la peau sombre, à la chevelure noire comme le jais et des yeux d'un bleu limpide...Une jeune femme répondant au nom de Delmesa Van Garenn. Le duo ainsi que leur bâtiment, étaient originaires de Gilnéas et avaient bourlingué pas mal de fois aux côté de Fier-Galion durant avant et pendant la Seconde guerre afin de ravitailler Kul Tiras... 

-Je vous ai fait préparer un de ces festins dont vous me direz des nouvelles!

Quand Hangston eut le dos tourné, Fier-Galion salua Delmesa, lui prenant la main il lui embrassa, un geste courtois courant dans la bourgeoisie et la noblesse humaine... Ses lèvres s'attardèrent un instant de plus qu'il n'était nécessaire puis lui adressa un sourire complice avant de la guider jusqu'au salon des officier de l'Hybellion.

Le vin et les plats furent passés à la ronde et l'ambiance fut presque plus proche d'une bande de camarades que d'un groupe d'officier de l'Alliance en pleine mer. L'alcool coulait a flot en l'honneur des retrouvailles et de la naissance du petit Jimmy Llaynor. Au milieu de la discussion Hangston prit la parole, portant une coupe de vin à ses lèvres, discutant de choses et d'autres avec Fier-Galion...

-Dis donc Morgan! Fameux ton vin de Quel Thalash! ...Mais ton Abbaye du Nord d'avant-guerre n'esht pash mal non plus*...Hips!*

-Shacré Hangshton!*..Hips!* Toujoursh le gossier en pente! 

-Oh non j't'assure! Une merveille pour les papillesh...J'ai...J'ai pour toi un tonneau de Porto acheté à Kul Tirash....Tu...*Hic* M'en dirash ...Des nouvelles!

-Shoit! Mais en retour... Je te donne des caisses de vêtements ...La dernière mode à Lordaeron et 
Gilnéas!

-Houlà, souffla Delmesa à William, le vin échauffe drôlement nos gaillards...Mhh... Mauvais ça...je crois qu'on devrait ouvrir l'oeil.

Pendant ce temps Morgan et Fairbrook continuaient leur discours alcoolisé …Le ton montait déjà entre les deux hommes.

-Tu...Tu me donne ces vêtements en retour! ...Tu veux dire en échange?!
-Bah...Ça m'a l'air juste! Tu m'offre du vin, je te donne des vêtements!... 

Vaxé Hangston jeta son verre par terre... imité par Fier-Galion. Les deux hommes rapprochèrent dangereusement l'un de l'autre... s'adressant d'aimables grognements...Ils en seraient certainement venus aux mains si William et Delmesa ne s'était pas trouvé là...Tous deux tentaient avec grand peine de les retenir...

-Tonnerre ! Mon porto ! Criminel !
-Je ne veux pas de tes oripeaux! Quand je donne ce n'est pas pour recevoir en échange! 
-Tonnerre! Si tu n'acceptes pas mon cadeau je refuse le tien!
Se levant précipitamment, William s'interposa, haussant la voix.

-Messieurs ! Calmez-vous! C'est ridicule! Vous n'allez pas vous disputer pour cela! Tous se regardèrent avec des mines confuses, honteuses...

Afin de détendre l'atmosphère William versa un verre à chacun et porta un toast.
- A la santé de mon petit Jim et de ma merveilleuse Thara... Vous vous me ferez le plaisir de venir leur rendre visite! Hein?!

L'incident fut bien vite oublié et noyé dans de nombreux autres verres....Mais plus tard alors que Hangston et ses officiers venaient de quitter l'Hybellion pour rentrer à leur bord et de désamarrer leur navire Fier-Galion, fortement alcoolisé, tout comme son acolyte, s'adressa à ce dernier...

-Adieu Hangston! Bonne chance ! Et à bientôt à Hurlevent!

Le vieux Bob Bob vint trouver le capitaine le tirant par la manche. 
-Ho! Cap'taine? Les gars du Gilnéen Hurlant ont porté un tonneau de Porto...pour vous.

William passa sa main sur le visage en soupirant...Visiblement exaspéré...
Tonnerre! C'est le cadeau de Hangston...

-Ha! Ha! Le cadeau de Hangston?! Ah oui..Et moi? As-tu exécuté mes ordres mon vieux Bob?
-Ah pour sûr! J'ai porté moi-même les caisses de vêtements à bord du Gilnéen Volant.
-Mais ce n’est pas vrai!? Dîtes moi que je rêve, s'exclama William.

Morgan Fier-Galion riait à gorge déployé... Soudain , depuis le bord du Gilnéen Hurlant... Des éclats de voix se firent entendre... Au timbre rauque et puissant...C'était sans l'ombre d'un doute Hangston...

-Mille sabords! Quel est l'âne bâté qui a laissé ces caisses sur le pont! Qu'est-ce que c'est d'abord... ??
Hangston ouvrit vivement les caisses et prit une partie du contenu dans sa poigne puissante.

-Des vêtements!? rugit Hangston...Des vêtements! Ah! Tonnerre de Kul Tiras! Ce malappris de Morgan a osé! Mon portevoix! Sur le champ...HO! Morgan! Voilà ce que je fais de tes cadeaux!...Et Foutez moi ces haillons par-dessus bord! 
Je t'apprendrai la politesse ... MOI!

-AH OUI?! Rugit Morgan en réponse. 


Le voyant faire, le sang de Fier-Galion ne fit qu'un tour...Il se précipita vers le tonneau de Porto et le balança par-dessus le bastingage. Les deux capitaines saisissant leurs portes voix recommencèrent bientôt à hurler...

-Oh! Mon porto!...A la mer?! Forban! Canaille! Nous nous retrouverons !... Et tu le paieras cher!
-C'est ça! On se retrouvera! Traineur de sabres!...Et je te mettrai six pouces de fer dans le ventre!

William essaya d'arracher le porte-voix des mains de son capitaine...De le calmer...mais en vain...

-Par la Lumière! Capitaine! Arrêtez tous cela est ridicule!

Voyant que ces effort ne donneraient rien, le brave William craignant le pire, finit par s'adresser aux hommes de l'Hybellion ...Les ordres fusèrent... Pendant ce temps Fier-Galion continuait de rugir dans son porte-voix...

-Tête de bois! Fantoche! Paltoquet! …
-Tous à vos postes! Toutes les voiles au vent! Si ces deux entêtés continuent, ils finiront par s'envoyer des boulets...

Jetant un œil vers le Gilnéen Hurlant, William fut néanmoins soulagé de voir que Delmesa assurait elle aussi son rôle de commandant en second et que les marins Gilnéen commençaient eux aussi à s'agiter afin d'éviter le bain de sang...

-De véritables gosses..., siffla William tout en passant sa main sur son visage.

Vivement les corsaires orientèrent les voiles de l'Hybellion qui, poussait par une brise légère s'écarta et s'éloigna du Gilnéen Hurlant tandis que Morgan et Fairbrook étaient toujours occupés par leur joute verbale...

-Butor! Pied plat!...Nous nous retrouverons!
-Je l'espère tonnerre de chien! Et gare à toi! Ce jour-là ...Ta vie ne vaudra guère plus chère!

Bientôt le Gilnéen Hurlant ne fut plus qu'un point à l'horizon...Et l'Hybellion continua sans encombre sa route vers Hurlevent.

Quelques jours plus tard, l'Hybellion fit une entrée triomphale dans le port de Hurlevent où la population l'accueillit chaleureusement comme toujours. A cette époque la reconstruction de la ville n'était pas totalement achevée, mais il était certains que la cité du Lion était en passe de devenir une merveille d'architecture et de maçonnerie, grâce aux talents de la Guilde des Maçons.

Tandis que William Llaynor rattrapait le temps perdu auprès de sa jolie Thara et de son fils, Jimmy, Fier-Galion et son équipage festoyaient comme toujours et préparaient leur prochaine campagne de chasse dans les mers du Sud... Chaque soir Fier-Galion et Le vieux Bob écumaient les tavernes de la ville...Non pas pour lever le coude, bien que cela n'aurait déplu aux deux compères. A ce propos, les voici au tournant d'une ruelle de la vieille ville...

-Bob? As-tu des nouvelles de notre jeune second et sa petite famille?
-Oh pour sur capitaine! Ils vont très bien!*Hic* Qu'est ce qu'il est fier de sa p'tiote le William, et moi avec... J'suis allé les voir pas plus tard que ce matin! Et si la manière dont l'ptit Jim agrippait mon doigt est un avant-goût d'la façon dont il tiendra un jour un sabre,elle fera un redoutable bretteur! Pour sûr! ...Hips!

Tous deux rirent avec chaleur, titubant légèrement dans l’étroite ruelle pavée où ils se mouvaient. Après s'être un peu calmé, Bob continua...

-Au fait capitaine? Quand rembarque-t-on?*Hic* On commence à se rouiller! Toutes ses fêtes, ça m'épuisent plus que cent abordages!
-Ha! Ha! Mon vieux Bob...Bientôt... Mais nous avons eu des tués qu'il faut remplacer. On va même s'en occuper tout de suite.
-Par tous les pirates! Les bons marins sont rares, on se les arrache depuis la fin de la guerre et le début de la reconstruction. *Hic*Ça n'ira pas tout seul...Mais j'vous suis! Et puis j'ai soif!...Hips!
-Ha! Ha! Sacré Bob...Toujours aussi prompt à lever le coude! Ça tombe bien moi aussi. Je veux les meilleurs matelots de tout le royaume...Et je les aurai. Je sais les prendre tu vas voir...

Peu de temps après nos deux compères firent une entrée remarquée au Cochon siffleur , une chaleureuse taverne de la vieille ville ou de nombreux marins avaient leurs habitudes.

-Tiens! V'là m'sieur Fier-Galion!
-Salut les garçons! Quoi?! De rudes clampans comme vous... Boire du pinot noir? Tout juste bon pour un moussaillon...Triste. Leur fit remarquer Fier-Galion grimaçant et désignant avec dédain les cruchons de mauvais vins posés sur la table.
-Qu'y faire capitaine? On a plus le sous! Et faut bien vivre...
-Plus d'argent, coquins! Ne savez-vous point comment on en gagne? Fier-Galion rugit avant de balayer du plat de la main les cruchons qui s'éclatèrent, répandant leur contenu sur le sol de la taverne.
- Allons! Taverniers! Ton meilleur porto pour tous! Un marin de Fier-Galion doit mener un train de prince!
Les marins échangèrent des regards effarouchés et interloqués.
-Mais... Euh... C'est qu'on n'est point de votre bord cap’taine! Remarqua timidement l'un des hommes.
Fier-Galion bondit fièrement sur la table, avec l'agilité d'un chat avant de continuer face à son auditoire émerveillé.
- Eh bien soyez-en! Et je vous ferai de gagner de l'or, gros comme vous! C'est un honneur que je vous fais car je n'emmène que des durs à cuire!
Sur ces paroles, le capitaine laissa choir une bourse pleine d'or sur la table dans un rire rauque, frissonnant et chaleureux. La réaction des marins ne se fit pas attendre...

-Ha! Ha! C'est décidé je pose mon sac sur l'Hybellion!
-Moi aussi! Et sus aux pirates!
-Vive l'Hybellion! Vive le cap'taine Fier-Galion!

-Réunir un équipage! Toujours le même problème! Occupons-nous sérieusement de recruter un équipage, capitaine. L'Hybellion sera bientôt parée pour une nouvelle campagne et...

-Ne t'en fais pas William, s'exclama Fier-Galion de bonne humeur et confiant. On peut toujours essayer de me souffler les meilleurs marins … On se dispute pour embarquer avec moi.

C'était vrai. Les bons marins se faisaient rares depuis la reconstruction de Hurlevent et on se les disputait à prix d'or! Or Morgan Fier-Galion était riche, très riche mais aussi très généreux et le corsaire avait su gagné depuis longtemps le cœur et les faveurs des petites gens de Hurlevent...

Ce matin-là, le fameux capitaine de l'Hybellion déjeunait au "Cochon Siffleur" , une taverne des plus chaleureuse et réputée pour l’être, en compagnie de ses fidèles et bien entendu de son second et ami: William Llaynor, devenu depuis peu père d'une robuste petit garçon qu'on avait nommé Jimmy... Les hommes discutaient avec enthousiasme des derniers préparatifs de leur prochaine campagne dans les Mers du Sud jusqu'à l'instant où Bob, le vieux quartier maitre de l'Hybellion fit irruption dans la salle commune. Le vieux bonhomme vint se placer à leur côté, avec une mine lugubre, conversations et rires cessèrent brusquement...

-Eh bien que se passe t'il mon vieux Bob?

- Vous savez la nouvelle cap'taine? Notre « ami », le cap'taine Hangston est à Hurlevent... Il a eu des ennuis dans l'Sud.: son bâtiment, le Gilnéen Hurlant a été capturé pas une pirate, une certaine Christen Alahambra dit on. A présent Hangston finance sa propre expédition pour aller la traquer...Et il ne regarde pas à la dépense! Il a acheté à ses frais un nouveau navire, "La Rose des Vents"! Un fin sabot dit on! Maintenant y a un tas d'affiches sur le port, faut que vous veniez voir ça cap'taine!

La nouvelle fut accueillie dans un silence de mort, les corsaires s'échangèrent des regards qui en disait long sur leur surprise et leur inquiétude... Après un long moment, le capitaine de l'Hybellion rompit ce silence pesant.

-Allons bon... Il ne manquait plus que lui... Je l'avais oublié, celui-là... Le visage de Fier-Galion qui était pourtant d'une humeur charmante, quelques instants avant, se décomposa en une grimace... Il était à présent d'une humeur massacrante. Il se leva vivement.

-Tonnerre! Il va falloir que je surveille cette soupe au lait, marmonna William avant de plonger le nez dans son breuvage.... Si Hangston est ici il finira par avoir de la bagarre. J’en gage…

-Bob, en avant toute... Allons voir ces affiches...

Après plusieurs minutes d'une folle et épuisante cavalcade dans les rues étroites et les canaux de Hurlevent, le groupe arriva devant un des nombreux tableaux d'affichage de Hurlevent.

-Là un rassemblement cap'taine! Allons voir!
-Oh ho?! Ma parole c’est bel et bien une affiche de ce farceur d’Hangston!
-Aïe! Aïe! Aïe... Qu'est-ce que ce que je vous disais! C'est bel et bien pour recruter un équipage pour le navire de Hangston, « La Rose des vents ». Gare au grain...William se mordait les lèvres.

Jouant des coudes, Fier-Galion se fraya un passage dans la foule et parcourut l'affiche avant de rugir.
-Hem...Voyons ses conditions d'enrôlement! Mh?...Je...HEIN?! QUOI?! Alors ça c'est inouïe! C'est la première fois qu'on voit ça dans toute l'histoire de la course!

William et ses camarades se reprochèrent avec prudence de l'affiche que Morgan lisait d'une voix courroucée et terrifiante..

-QUOI?!...L'équipage mangera la même cuisine que les officiers! Relâche tous les quinze jours pour embarquer des vivres fraiches...Perpétuelle bombance à bord! ...Ha! Ha! Il est malade!...Il faut que je vois ça de plus près...Allons au bureau de recrutement sur le champ!

Aussitôt dit, aussitôt fait... William redoubla d’effort pour freiner le caractère bouillant de Fier-Galion...En vain.

-Nous y voici capitaine...Mais par pitié, tâchez de rester calme...
-Ma parole!...Mais il y a une file! On s'y tue!...Et tous ces gogos, ces naïfs se laissent prendre aux belles promesses de cet hypocrite de Hangston! Et qu'est-ce que...?! MILLE SABORDS! D'anciens marins de l'Hybellion qui font la queue chez Hangston! C'est trop fort! Ici! Misérables!...

Les marins tous penauds se détachèrent du rang des enrôlés. En rang serré, tête baissée: Ils étaient terrifiés et pour cause... Fier-Galion était hors de ses gonds!

-Alors canailles ! Ingrats! On déserte! Avez-vous jamais eu à vous plaindre de moi? Moi ! Le capitaine Morgan Fier-Galion! Tonnerre de Kul Tiras!
-Pour ça non cap’taine! ...Au contraire, bredouillèrent de concert les marins.

William s'interposa, retenant physiquement son capitaine et essayant encore de le calmer.
-Capitaine je vous en prie, leur engagement était expiré, ils sont libres après tout.

-On vous aime bien capitaine, continuèrent les marins, visiblement confus. Mais les conditions que nous fait le capitaine Hangston sont si inespérées pour d' pauvres bougres comme nous.

-Tas d'naïfs! Ce sont des attrapes nigauds!

Morgan Fier-Galion se détourna sifflants de ses anciens hommes, dépité, blessé et se pinçant l'arrête de son grand nez. Les questions se bousculaient à travers sa tête...

-Pour sûr que non capitaine! Sauf vot' respect j'ai vu embarquer des monceaux d'bonnes choses sur « La Rose des Vents », pour son équipage...Oh! Sûr!...On ne parle que de ça partout!

-Mais c'est de la concurrence déloyale! Ainsi, ce damné Hangston croit me souffler les plus fins matelots de Hurlevent?... Nous allons bien voir! Rira bien qui rira le dernier!...

-Bob avait raison. Il ne regarde pas à la dépenses. A ce train, le reste de l'Hybellion va embarquer sur le bord du vieux Hangston si on ne fait r-..., marmonna William avec amertume, tandis qu'il passait une main sur son visage.

Brusquement Morgan Fier-Galion releva la tête, une idée osée venait de traverser son esprit d'aventurier.

-Ouaip! Tu as raison Will'! Mais on va pas le laisser s’en tirer ainsi ! Attendes moi ici garçons, William avec moi! J'ai une idée!...Je dois parler à mon ami le commissaire des inscriptions maritimes!

A peine avait-il prononcé ces mots, qu'il entrait dans le bâtiment ou se déroulait les enrôlements, bousculant rudement la file des candidats.

Pourvu qu'il ne fasse pas de bêtises, espérait vainement William dans un soupire.

-Bien je vous attends capitaine, opina William dépiter et inquiet en s’adossant sur prêt de l’enseigne du bâtiment.

Une heure de discussion et de palabre plus tard, Fier-Galion ressortit avec un registre sous le bras, saluant avec familiarité son ami des affaires maritimes, un petit bonhomme à lunette, rondouillard, courtaud et bien habillé, jouant avec une bourse visiblement bien garnie.
-Alors, bien compris compère? Ha! Ha!
-Comptez sur moi Morgan... Hi! Hi!...


Sorti du cabinet, Fier-Galion se rendit rapidement ensuite dans la taverne de l'Agneau Assassiné, une des auberges les plus mal famées de la cité et engagea la conversation avec le tenancier. William emboitait toujours le pas à son capitaine, et bien qu’il fut d’avantage inquiet et intrigué, n'osait dire un seul mot..

-Écoute Jarel, vieux fripon... J'ai besoin d'une vingtaine de canailles prêtes à tout pour gagner quelques pièces d'argents très facilement...
-Fichtre! Mais à ce prix-là je vous en trouverai cent si vous voulez...Et tout de suite!

William prit une brève rasade de rhum avant d'exprimer enfin son désaccord avec les agissements de son capitaine.
-Capitaine, je ne suis pas sûr que cela soit ni correct.. Ni honnête de faire ça.
-T'occupe mon gars! Je m'occupe de tout...

Le tavernier s'exécuta, et il ne fallut pas longtemps pour que la taverne soit remplis de types plus que louches... Fier-Galion grimpa sur une table et s'adressa alors à eux, jetant un registre maritime vierge à ses pieds.

-Vous irez au bureau maritime, vous vous enrôlerez sur l'Hybellion, mon navire... Mais au lieu de signer de votre nom en bas de l'engagement, vous signerez du nom que je vais vous donner à chacun...Ces noms sont ceux des marins que je désire avoir à mon bord! Donc ils seront engagés chez moi, sans le savoir et ne pourront plus aller chez Hangston.

L'assemblée fut parcourue de murmures, de ricanements et bientôt de remarques.

-Mais cap’taine...Ils protesteront?! Le commissaire interviendra...Et nous aurons des ennuis!
-Ouais! C'est vrai ça!

Morgan Fier-Galion adressa un sourire confiant aux hommes avant d'ajouter:
-Ne t'en fais pas garçon, celui-ci est prévenu ça l'amuse de jouer cette blague à Hangston... Quant aux marins que j'aurai engagés contre leur grès, grâce à ma petite ruse... Je me charge de calmer leurs protestations...


Quelques heures plus tard, Hangston entra lui aussi chez le commissaire accompagné d'une importante réunion de marins, la grande majorité étant des marins de l'Hybellion.

-Salut commissaire! Je vous amène quelques bons gars qui veulent s'engager à mon bord!

Les hommes acquiescèrent les dires d'Hangston avec une effusion et un enthousiasme non dissimulé.
-Oui! On met nos sacs sur la Rose des vents! Pas vrai les gars?!

Le commissaire ajusta ses lunettes, parut interdit… Au grand étonnement de tous se mit à secouer la tête négativement.
-Désolé capitaine Hangston...Mais si ces gaillards ont la mémoire courte, moi pas! Ils se sont déjà enrôlés sur l'Hybellion...

Bien entendu, comme l'avait prévu Fier-Galion, les hommes se mirent à protester.

-Engagés?! Nous?! Jamais de la vie!
-Je n'ai rien signé du tout moi!
-Mais ça alors de qui se moque-t-on ici?!

Malgré la violence des protestations, bien qu'il fut minuscule en comparaison de ses rudes hommes, le commissaire ne se démonta pas et continua de jouer son rôle sans défaillir avant leur brandir en évidence le registre maritime...

-Et ces signature!...Ce sont celles de vos fantômes peut être? Cessez de vous payer ma tête, tas d'ivrognes !!

Les hommes blêmirent et murmurèrent entre eux, abasourdis et déboussolés.
-Nos...Nos signatures?! Mais c'est impossible!
-Ah ça! Est-ce que je deviens fou! Ou est-ce un cauchemar? C’est une blague ?!

-Commissaire! Qu'est-ce que signifie tout cela?!...Il y a du tripotage là-dedans! J'en gage mes deux sabres! Ça ne se passera pas ainsi! Hangston se mit à rugirent à son tour, excitant ses suivants.

-C'est une machination! Nous sommes roulés!
-Je refuse d'embarquer sur l'Hybellion!
-A bas Fier-Galion! Vive le capitaine Hangston.

A son tour, le petit bonhomme se mit à abboyer, couvrant  en direction des hommes d'armes en faction placés à ses côtés...
-Tonnerre!... Gardes! Jetez-moi ces rebelles en prison! Ils y moisiront jusqu'à ce qu'on les embarque de force sur l'Hybellion!

Les propos du commissaire refroidirent très nettement la colère des marins.
-Quoi?! En prison!
-Bouclés?! Ça change tout!...On n'a déjà pas trop de temps à passer à terre!...Après tout...un bateau vaut l'autre!...

-Je proteste! Tas de poules mouillées! Allez-vous vous dégonfler?!... Hangston fulminait.

Le commissaire hurla à d'autres gardes de s'emparer du capitaine de la Rose des vents...
-Capitaine Hangston! Sortez! Vous les poussez à la révolte! D'ailleurs en voilà assez! Pas de pitié pour les rebelles! Gardes! Flanquez-moi ça aux fers! …

Une voix puissante et tonitruante s'éleva brusquement au dehors et au-dessus de tout ce vacarmet, faisant vibrer la pièce. Un homme imposant fit son entrée dans le bureau...

-Arrêtez commissaire!

Hangston encadré par plusieurs gardes s’étrangla de rage en reconnaissant le nouveau venu...
-Oh! Fier-Galion!!! Je comprends tout! Misérable chien galeux! Traineur de sabre!...

Ignorant royalement les piques d'Hangston qui d'ailleurs fut vivement évacué manu militari, Fier-Galion se chargea d’apaiser les marins. Se plaçant devant son complice, il lui tint ce langage :

-Allons commissaire, un bon geste... Ce sont de braves garçons. Libérez-les! Et puis s’ils contestent leur premier engagement, qu'ils en signent un nouveau...Je leur promet les même avantages que Hangston, avec une prime de quelques pièces d'or...

La réaction des marins ne se fit pas attendre, ceux-ci fut laissèrent éclater sans modération leur soulagement et leur joie :

-Hé! Voilà qui est bien parlé! Vive le cap'taine Fier-Galion!
-Ma foi! Y a plus à hésiter! Va pour l'Hybellion!
-Comptez sur nous Cap'taine Fier-Galion!

Au dehors, loin de tout ce bruyant enthousiasme, Fairbook Hangston vigoureusement éloigné par les gardes, crachait ses paroles à l’adresse de Fier-Galion…

-Morgan, faux frère! Tu me paieras cela! Je n'ai pas dit mon dernier mot...On va voir ce qu'on va voir... A nous deux Morgan !

Fairbrook Hangston arpentait à grand pas les quais de Hurlevent. Le capitaine de la Rose des Vents ruminait avec amertume le coup fumant que venait de lui porter Morgan Fier-Galion.

-On va voir ce qu'on va voir! A nous deux Morgan!

Sur ces paroles, Hangston interpella un groupe d’adolescents flanqués de tambours. Des crieurs municipaux de Hurlevent. Leur plaçant à chacun une certaine somme d'argent dans le creux de la paume, le capitaine se mit à murmurer des instructions aux jeunes gens.

-Tenez voilà pour vous!.. Et maintenant allez annoncer par toute la ville que...

Une heure plus tard, soudoyés par Hangston, les tambours déambulaient toujours dans la cité et le port en délivrant leur message...

« Avis! Tout marin engagé à bord du Corsaire « La Rose des Vents » du capitaine Fairbrook Hangston recevra une part de prise égale à celle du capitaine! De plus...L'état-major sera réduit de plusieurs officiers afin d'augmenter la part de chacun!...Qu'on se le dise! »

Bien évidement la nouvelle traversa la cité pareille à une traine de poudre...Les discussions allaient bon train sur le port.

"C'est incroyable! Hangston est devenu fou!"
"Jamais on n’a vu un capitaine faire de pareilles offres! "
"Je déserterai si il faut pour m'enrôler à son bord! Toi tu fais quoi?!"
"Hey?! Moi j'y cours!"

« Qu'on se le dise! … »

Bien évidement, la nouvelle ne tarda pas à arriver aux oreilles de Morgan Fier-Galion et de William Llaynor.

-Part de prise égale?! S’exclama Morgan dans un grognement surpris.
-Oui cap'taine, assura Bob.
-Tonnerre!..Cette tête de bois dépasse la mesure! Nous n'en sortirons jamais...

Le capitaine de l'Hybellion observa un moment de réflexion tandis que le vieux Bob et William échangeait des regards qui en disaient long sur
leur inquiétude. Morgan rompit brutalement le silence, la mâchoire serrée...

Nous n'en sortirons jamais ou plutôt...Ou plutôt, il n'y a qu'un moyen de vider cette querelle. Bob!

Le vieux sursauta se redressant comme un i.

-Sais-tu où sera Hangston ce soir?

-Euh...Comme à son habitude avec ses officiers, au Solitaire Bleu Cap'taine... Pas d'bêtises, hein?

Tapotant brièvement l'épaule du vieux bonhomme, Morgan Fier-Galion s'élança ensuite dans les rues pavés. Une sourde inquiétude torturé le cœur de William, qui se mit à emboiter machinalement le pas à son capitaine. Que mijotait encore son capitaine?! Aurait-il l'intention de lui présenter ses excuses? De parlementer?

Lorsqu'il fut devant le Solitaire Bleu, la taverne ou le tout Hurlevent venait rendre un peu de bon temps. Fier-Galion s'y engouffra semant une grande confusion et de nombreux murmures:

« Lumière, c'est Fier-Galion..! »
« Et Hangston ici! Ca va barder! »
« Il vient chercher querelle c'est visible. »
...
A peine rentré il rugissait déjà après Hangston. Un frisson parcourut l'échine de William. Un silence de mort s'appesantit sur la salle...


-Ho! Hangston! Ou te caches-tu faux frère!
-Oh non...Capitaine Fier-Galion! Je vous en conjure! Pas de scandale! Je vous en supplie! Se mit à glapir le tenancier qui venait à la rencontre du corsaire.

-C'est moi que tu cherches Fier-Galion? Présent!

Hangston rugit à son tour tout en se levant et renversant la table ou il se trouvait. Leus deux hommes échangèrent un regard assassin. Quelques courageux et vigoureux clients se placèrent entre eux, afin d'éviter qu'ils en viennent aux mains.

-Hangston! Il n'y a qu'un moyen de vider cette querelle! Une tête à tête de cinq minutes, sabre au poing dans un coin désert L'un de nous est de trop ici! Il faut en finir!
-Capitaine! Arrêtez c'est ridicule, se mit à balbutier avec grand peine le brave William.

-D'accord! Je suis ton homme Fier-Galion!
-En ce cas, nous nous battrons demain à l'aube, aux portes de la cité.
-J'y serai! Et il faudra qu'un de nous reste mort mort sur le terrain! A demain! Fier-Galion

-Capitaine! Morgan! Reviens à toi! Suppliait William à la fois furieux et rongé d'inquiétude. Te battre pour une poignée de marins! C'est impossible! C'est impensable!
-Inutile William! C'est décidé...Maintenant laisse-moi.

Sur ses paroles les deux adversaires se séparèrent dans un immense brouhaha... William, le coeur on ne eut plus lourd, s'eclipsa en toute hâte vers le port. Tandis que les commérage et les paris entre nobles et bourgeois allaient bon train.

« Ha! Ha! Ça sera une fameuse boucherie! »
« Moi je parie dis pièces d'or sur Hangston! »
« Et moi sur Fier-Galion! Il est meilleur bretteur! »
…


Qui pourrait empêcher Fairbrook Hangston et Morgan Fier-Galion? Vous le saurez...
Dans le prochaine épisode de la chronique de l'Hybellion!

https://www.youtube.com/watch?v=gBDeulDBkDg

Surgissant d'une ruelle pavée des canaux de la vieille ville, William apparut, haletant et ruisselant de sueur. Quelques rares passants de cette heure matinale furent violemment poussés, des cageots et des tonneaux tombèrent brutalement sur le sol à son passage, mais rien de tout cela n'avait d'importance. Une seule chose comptait: Arriver à temps!. Le claquement de ses larges bottes de cuir résonnait sur les pavés, couvrant à peine les cloches lointaines de la Cathédrale de la Lumière. L'aube embrasse l'horizon et que la cité du Lion se réveillait.

Sa respiration se faisait plus bruyante et plus chaotique à mesure qu'il approchait de la sortie de la ville. Une peur froide lui serrait le cœur.

- Plus vite... chuchotait William, les yeux hagards, poisseux de transpiration. Plus vite... Plus vite... je dois les empêcher... Je dois les retarder.

Courant à perdre haleine serrant fermement la poignée de sa rapière, le jeune homme traversa en trombe la vallée des Héros, puis se rua vers la porte de la ville... Les remparts. Il fallait qu'il arrive à temps... Il devait les retarder autant que possible.


Cherchant à faire taire le sentiment de panique qui l'assaillait lorsqu'il aperçut les deux capitaines d'un fort partis d'inconnus se trouvant à la lisière de la foret, au pied des remparts. William parcourut les derniers mètres en hurlant désespérément dans leur direction.

-Capitaines! Arrêtez c'est de la folie! Hangston! Fier-Galion! Arrêtez c'est de la folie! Vous êtes devenus fous!

Fier-Galion l'entendit arriver et se tourna dans sa direction.

-William?! Je m'en doutais... Je t'avais ordonné de rester en dehors de cette histoire! Ne laissez pas s'approcher et éloigner le, je ne veux pas qu'il voit cela. Ne lui faites aucun mal!

Morgan avait pris ses précautions, il se doutait que William tenterait quelque chose, mais il y ignorait de quoi il en retournait exactement. Morgan Fier-Galion adressa un bref hochement de tête en direction de quelques hommes se tenant à ses côtés et ceux-ci se jetèrent sur William. Le jeune homme se débattit farouchement en rugissant comme un fauve... Mais les hommes en supériorité numérique et l'effort que s'était imposé le jeune corsaire eurent vite raison de lui. Très vite, William fut maitrisé, néanmoins les hommes ne parvinrent pas à l'éloigner.

- Lâchez-moi canailles! Morgan! Capitaine! Arrête! Je t'en supplie!
-Désolé Will'...

Morgan Fier-Galion baissa les yeux en grimaçant amèrement, puis détourna le regard, tachant d'adopter un masque neutre et inflexible.

A bout de force et écumant de rage, William observa impuissant le début du duel... Écarquillant les yeux, William ouvrit la bouche pour hurler, mais trop choqué et épuisé aucun son n'en sortit. La gorge du jeune homme se serra.

- Trop tard! C'est Trop tard! J'arrive trop tard! "Il" n'interviendra trop tard... "Il"...


"Messieurs! En place! "S'exclama un homme vêtu de noir placé en retrait.


Les deux se faisaient déjà faces bien qu'ils fussent distants de nombreux mètres. Leurs mines étaient durs et déterminés. Ils empoignèrent fermement les sabres que leur brandirent leur témoins respectifs puis s'avancèrent avec calme de quelques pas, l'un vers l'autre, sans l'ombre d'une hésitation.
Une fois rapprochés... Les deux puissants marins, torse nu, levèrent et croisèrent calmement leurs lames devant eux. Les lames s'effleurant légèrement. L'homme chapeauté et tout de noir vêtu, s'approcha enfin d'eux, l'arme au poing...

« Vous allez vous affronter selon les antiques lois du combats. Devant le regard de la Lumière et de vos témoins." Etes-vous prêts messieurs?! » Les deux adversaires acquiescèrent d'une voix monocorde.

-Paré...!
-Prêt... Et souviens toi Hangston qu'un de nous deux doit sortir d'ici les pieds devant..., siffla Fier-Galion entre ses dents.

Fairbrook Hangston ne broncha pas d'une ligne et ne releva pas, trop concentré et impatient d'en découdre.
Tous deux observèrent l'immobilité, fermes comme des rocs. Le sabre au poing, les deux hommes s'affrontèrent du regard dans un silence de mort, attendant fébrilement le signal...

La tension et la concentration était palpable.

La lame de l'arbitre se leva brusquement, entrechoquant faiblement et faisant chanter le métal des deux lames.













Brusquement les lames se croisèrent, lancèrent des étincelles, s'entamèrent. Les combattants paraient les coups d'une main habile rugissant et grognant d'aimables paroles. Morgan et Fairbrook s'affrontaient avec autant de vigueur que de sang-froid et ne s'écartaient pas du cercle où ils évoluaient.

Les spectateurs observaient fébrilement l'affrontement. Seul le choc sonore des armes et les grognements des deux combattants résonnaient dans la lisière brumeuse d'Elwynn...

Le combat faisait faisait rage depuis plusieurs minutes lorsqu'on entendit un bruit sourd et lointain. Un bruit qui gagna vite en intensité...

Il y eu soudain une grande confusion, les regards se tournèrent vers l'origine du bruit.

-Un cavalier?! Balbutia William d'une voix à la fois surprise et tremblante d'émotion. Une chance, un espoir...

Un cavalier, un soldat en armure fit irruption galopant à bride abattue dans leur direction en hurlant à plein poumon.

-Au nom du roi et de l'Alliance! Arrêtez!

Sur ces paroles, l'homme poussa sa monture entre les deux duellistes, faire rempart. Les deux hommes pris de cours, s'écartèrent vivement l'un de l'autre.

-Bas les armes messieurs! … Ah! Il était temps que j'arrive!

« Tonnerre de Kul Tiras! Que signifie...?! » S'exclamèrent de concert les deux combattants.

-Otez-vous de là! Il faut que j'en finisse! Fier-Galion rugit brandissant son arme d'une main tandis que l'autre agrippait les rênes et essayait de repousser le cheval piaffant et écumant bruyamment.

-Otez-vous de mon chemin ou je vous embroche, soldat! Insista Morgan d'un ton menaçant et féroce.

Mais le cavalier ne se laissa pas démonter par les menaces de l'immense marin, émettant un sifflement strident, il manœuvra et cabra sa monture de manière à forcer Morgan au recul, puis étendit sa main gantée vers la grande porte de la cité, désignant un point éloigné.

-Embrochez-moi si cela vous chante capitaine! Vous avez interdiction formelle de vous battre jusqu'à l'arrivée de l'Amiral. D'ailleurs le voici!

Tandis que le cavalier s'exprimait, une diligence suivit d'une escorte royale avançait à grand train vers le lieu du duel, cahotant bruyamment sur le terrain forestier.





Cette annonce dégrisa d’un coup d’un seul, nos deux compères qui blêmirent en un clin d'oeil. Déglutissant avec effort, les duellistes passèrent promptement une chemise et ajustèrent machinalement leurs tenues avant de se tenir droit comme des "i". William sentit un incommensurable sentiment de soulagement déferler en lui, le lavant de toutes ses émotions.

La diligence marqua l'arrêt dans un concert de grincements et de cliquetis puis un homme vêtu d'un admirable et reconnaissable uniforme vert et or en descendit, sommant les deux capitaines d'approcher. C'était un homme maigrelet vêtu d’un uniforme de marine…L'amiral Daelin Portvaillant, héro de la Seconde Guerre se lança aussitôt un discours courroucé qui fit frissonner d'émotion et le cœur de tous les hommes présents.

«Capitaine Morgan Fier-Galion! Capitaine Fairbrook Hangston! Qu'alliez-vous faire malheureux! Une chance que je me sois trouvé à Hurlevent en visite officielle chez le Roi Varian. Et qu'est-ce que j'apprends à peine arrivé?! Cette querelle insensée pour une poignée de marins?!

Vous êtes mes deux plus hardis capitaines! Ne comprenez-vous pas sacrée tête de mûles que les seuls bénéficiaires de votre duel seront vos ennemis, ceux de notre Alliance et les pirates, y avez-vous seulement songé?! Ils n'ont pu vous supprimer et vous alliez le faire vous même! Bougres d'imbéciles!

Feriez-vous perdre un seul vaisseau à notre marine?! Et pourtant vous savez que la mort de l'un de vous deux affaiblirait plus l'Alliance que la perte de dix navires! Allons! Espèces de fous! Serez-vous la main et oublions cette histoire tous cette histoire stupide! »...


Les deux amis baissèrent la tête, affichant des moues attristées et honteuses... Puis ils se tournèrent lentement l'un vers l'autre en bredouillant.

-Hem...Hum...Je...!
-Hem..!

Un rire doux et joyeux s'échappa alors de la barbe grise de Daelin Porvaillant. L'Amiral s'avança sur eux en leur tapotant virilement et affectueusement les épaules des deux comparses revenus à de meilleurs sentiments. Le dirigeant de Kul Tiras leur adressa un clin d'œil appuyé et amusé avant d'ajouter:


« D'ailleurs, au lieu de vous disputer les marins à coup de sabres, vous n'avez qu'à vous les partager! ...»
Sous les acclamations enthousiastes les deux amis se retrouvèrent enfin, se serrant et s'embrassant affectueusement et virilement.






-L'Amiral a raison! Hangston! Tope là! Vieux frère!

-Hé ! Hé! De tout cœur, Morgan. J'ai été tout aussi idiot que toi.

-Et excusez-moi mon vieux Fairbrook et mon fidèle...Mon brave William, je n'ai pas toujours été chic avec vous...

Un sourire se mit à danser sur les lèvres de William. Sa joie de vivre étant revenu, le jeune corsaire se remettait tant bien que mal de ses émotions...

-Bah! Je m'en souviens plus, capitaine. Je surveille vos arrières...Comme toujours. Maintenant! Allons plutôt tirer nos marins au sort.

Les deux marins s’étreignirent de manière virile et familière.

« -Ha ! Ha! Voilà qui est parlé jeune homme! On fera encore quelque chose de vous mes gaillards»


Et ce matin c'est portés en triomphe que les deux capitaines regagnèrent leur navires. Cependant l'Hybellion était fin prête à prendre la mer et chacun impatientait de la voir partir vers de nouvelles et sanglantes aventures!